«Entre tous et toutes, nous allons changer l’histoire de Colombie» avec Gustavo Petro comme candidat.
Environ deux siècles après la guerre de l’indépendance de la Colombie qui l’a libérée de la colonisation espagnole, la Colombie pourrait avoir son premier gouvernement de gauche ce 29 mai prochain.
L’État Colombien se présente devant le monde comme une démocratie, «la plus stable d’Amérique latine». La réalité montre tout le contraire, vu que ses gouvernements successifs- dont la plupart ont été influencés par le « phalangisme » (idéologie d’extrême droite sous la direction du dictateur espagnol Francisco Franco), sont la négation du mot sacré «démocratie».
L’histoire de la Colombie a été toujours l’histoire d’un pays soumis aux mandants des États Unis. Allié à Washington pendant tous les conflits armés, ce pays est devenu l’arrière-cour de l’impérialisme nord-américain, avec 7 bases militaires sous contrôle de l’armée états-unienne, depuis la création du «plan Colombie» de «lutte contre la drogue» en 1999.
Le trafic de la cocaïne est devenu un autre point commun pour ces deux pays, l’un le plus grand consommateur et l’autre le premier producteur, avec plus de 85% de la production mondiale. Le trafic illégal de ce produit chimique à base de la feuille de coca (plante d’usage ancestrale) permet la circulation d’énormes capitaux non déclarés qui dopent ces économies.
Pour contrôler un business géant qui dépasse cette année les 250 milliards d’euros, et toujours en augmentation, la Colombie a réussi à éliminer les cartels mais aussi à fusionner l’oligarchie traditionnelle avec des trafiquants, qui ont leur place dans tous les espaces de la société, la politique, la justice et l’armée comprises. Sans hésiter, aujourd’hui, le plus grand cartel de la drogue est présent dans les plus hauts niveaux de l’État.
Pour les intérêts financiers du pouvoir en place, toute opposition au régime devient gênante, surtout les demandes des paysans et amérindiens pour la redistribution de la terre à production agricole. La relation de pouvoir en Colombie est basée sur la concentration des terres productives.
La Colombie a vécu des nombreuses guerres internes, la plupart menées pour les oligarchies au pouvoir contre l’opposition politique et les mouvements sociaux. La violence d’état a laissé des résultat terrifiants. Pendant la première moitié du XX siècle plus de 300 mille morts et plus de deux millions de réfugiés internes (petites paysans expulsés de leurs terres).
La violence d‘État d‘un côté et de l’autre la révolution mexicaine (1910) et après la révolution cubaine (1959) ont inspiré la résistance armée. La naissance des groupes de guérilla a ouvert une autre période de violence. Pendant que la guérilla augmentait en capacité de lutte et nombre de combaten.tes, la répression d’état s’acharnait
contre les syndicats, les associations paysannes, amérindiennes et les quartiers populaires. Le résultat: des mouvements sociaux exterminés et la lutte pour le respect au droit à la vie est devenu la seule priorité pour la gauche survivante, pour les démocrates et pour les défenseurs des droits de l’homme.
Aujourd’hui le défi de transformer un état mafieux en démocratie est une vraie possibilité. En 2021 la mobilisation sociale pendant 3 mois ( un mélange d’insurrection, de grève générale et de résistance citoyenne) a montré un nouveau chemin, suite à la démobilisation des Farc avec les « accords de paix » et l’élimination des syndicats et des partis de gauche.
Aujourd’hui il y a en Colombie «le Pacte Historique» : C’est une coalition née de l’initiative de Gustavo Petro et son mouvement «la Colombie humaine». Il a réussi à rassembler la gauche, survivante de la répression d’état des 30 dernières années et les mouvements sociaux dont les syndicats, associations amérindiennes, mouvements paysans et afro colombiennes. Ce nouveau regroupement propose un programme pour l’éducation et la santé publique, la redistribution de la terre, la génération d’emplois, le soutien aux petites et moyennes entreprises en plus de la lutte contre la corruption et pour la justice aux victimes. Il pourrait changer l’histoire de la Colombie et donner le premier gouvernement de gauche vers une transition démocratique, écologique, sociale et politique.
Mais le danger est là : un état qui est contrôlé par les mafias et les trafiquants ainsi qu’une tradition violente et antidémocratique marquée par une idéologie d’extrême droite.
Les militants de la solidarité demandent que des missions d’observation soient présentes en Colombie : parlementaires, journalistes, ONG et personnalités démocratiques, de l’Europe, de l’Amérique du Nord et l’Amérique Latine. L’appel est lancé aux démocrates du monde pour accompagner le succès de la gauche et pour arrêter le « génocide politique » qui dure depuis plus de 4 décennies e un Colombie.
Il est important de faire des déclarations et d’envoyer des lettres au gouvernement colombien demandant des garanties pour l’opposition et le respect du résultat des urnes.
Au côté de Gustavo Petro Madame Francia Márquez est candidate à la vice-présidence. C’est une femme issue des mouvements afro-colombiennes en résistance aux multinationales de l’exploitation minière, plusieurs fois menacée, elle est l’image la plus importante de la résistance populaire.
Gustavo Rojas
Profesor y facilitador de procesos sociales.