Foto por Víctor De CurreaLugo
La Colombie est présentée comme une des démocraties les plus stables de l’Amérique Latine, car les dictatures et coups d’état se sont succédé à plusieurs reprises dans la plupart des pays de ce continent.
En Colombie il y a eu une junte militaire au pouvoir entre 1953 et 1957, qui a laissé sa place au « front national », un accord entre les deux partis traditionnels libéral et conservateur pour alterner la présidence à chaque élection entre 1958 et 1974, d’ailleurs le communisme était interdit entre 1954 et 1958.
L’histoire de la république en Colombie nous permet de constater que la démocratie no ne se limite pas à des élections, au contraire la démocratie est construite pour la lutte pour les droits citoyens, la lutte pour les droits des travailleurs, pour la réforme agraire, et se conquiert avec des sacrifies et des morts ; car l’oligarchie qui a gouverné le pays est très violente. Voici quelques références : La massacre par l’armée colombienne des ouvriers en grève dans les plantations de bananas de la multinationale United Fruit, plus de 5 mille morts; ensuite le période de « la violence », des groupes armées contre les petits paysannes a laissé plus de 200 000 morts dans la 1ère moitié du XXème siècle, l’assassinat de Jorge E. Gaitán, porte-parole d’idées libérales, issu des couches populaires a ouvert un période d’élimination des organisations paysannes et amérindiens.
Plus récemment il y a eu l’extermination de la gauche, un vrai génocide de caractère politique, plus de 6 000 militant.es de groupes de gauche et plus de 5 mil syndicalistes ont était assassinées par l’extrême droite entre 1980 et 2008.
La Colombie en 2021 est sous le contexte de la plus grande explosion sociale de son histoire, qui a démarré le 28 avril et dure environ 3 mois. Encore aujourd’hui des manifestations quotidiennes se poursuivent dans certains quartiers de grandes villes. Dans ce contexte la Colombie fait face à une nouvelle conjoncture électorale, avec l’élection au parlement en mars (2 chambres élues au soufrage universel à un tour), et l’élection présidentielle 1er tour en mai et 2éme en juin.
L’extrême droite au pouvoir et son parti le « Centre démocratique », avec Alvaro Uribe son patron, est affaibli, les affaires de corruption se multiplient même si le système judiciaire et les organismes de contrôle sont dominés par le président actuel Ivan Duque. Les scandales son permanents et rapidement diffusés sur les réseaux sociaux, mais l’impunité sur les cas de corruption est absolue. (Corruption, environ 3% PIB)
L’a nouvel situation politique de la région nuit à la position de la Colombie, soutien sans conditions des Etats Unies. L’Amérique latine a de neuve une force progressiste, qui s’est rassemblée dans la CEPAL (Commission économique pour l’Amérique Latine et caraïbes), grâce au gouvernement Mexicaine. (Cepal crée par Hugo Chavez en 2010, 33 pays en font partie, sans les Etats unis ni le Canada)
La situation économique et sociale est grave, le gouvernement suit les conditions imposées par la banque mondiale et le FMI, des reformes comme la réforme fiscale qui taxe les produis de base, la réforme du code de travail pour permettre des contrats payés à l’heure et privatiser ce qui reste des entreprises d’état, (pétrole, distribution d’énergie, et des barrages hydroélectriques) dans un pays où éducation et santé sont majoritairement privés.
La violation de droits de l’Homme est dramatique ; on a vu en direct sur les réseaux sociaux la police qui a tiré à balles réelles sur des manifestants, des groupes paramilitaires qui ont assassiné des citoyennes qui participaient à la protestation sociale.
Un gouvernement en grave crise économique, sans aucun respect de la population et qui a pour seul argument la force des armes, l’argent du trafic de cocaïne avec la fraude électorale, tel que celle dénoncée lors des élections de 2018.
Alternatives dans le camp populaire et la gauche.
Comme cela a été dénoncé par les organismes de droits de l’Homme, ONG et les Nations Unies, en Colombie la gauche traditionnelle, la gauche radicale et la gauche révolutionnaire ont été victimes d’un génocide d’état.
Aujourd’hui la protestation sociale n’a pas une direction politique, il existe une recomposition à partir des mouvements sociaux qui se sont exprimées de manière très importante lors des élections de 2018. (Première fois dans l’histoire de la Colombie où l’abstention est passé au-dessous de 50 %). Le plus fort de la lutte sociale se développe à partir du travail artistique, des organisations de quartier, et de la jeunesse victime du modèle ultra libéral qui ne lui donne ni espoir, ni future ; ce sont les plus jeunes qui ont pris la voie de la lutte sociale, pas vraiment organisée, mais il faut remarquer les assemblées dans les places publiques et dans les régions paysannes et de peuples amérindiens.
Les forces politiques qui se disputent le pouvoir sont principalement « La Colombie Humaine » mouvement qui inclut avec Gustavo PETRO un porte-parole très charismatique qui a dénoncé la corruption, le trafic de drogue et les groupes paramilitaires comme politique d’état. Ce mouvement a présenté un programme de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, inspiré des modèles socio-démocrates européens. Gustavo Petro a proposé une alliance électorale large, pour battre l’extrême droite. Son projet s’appelle « Pacte Historique », quia commencé à rallier rapidement mouvements et personnalités démocrates, et la gauche, comme le parti Communiste et le « Polo Démocratique », des organisations amérindiens, afro colombiens, écologistes, associations de paysannes, artistes et mouvements issus de la droite traditionnelle.
Les Farc maintenant appelés « Les Communes » deviennent une force électorale très marginale, plusieurs de ses excombattant.es ont été assassiné.es (environ 300 depuis les accords de paix en 2016), d’autres ont repris la lutte armée et un groupe très important habite dans des régions très isolées, sans possibilité de participer à la vie politique du pays ; mais sûrement les anciennes Farc feront partie du Pacte Historique.
Les menaces contre membres du Pacte Historique sont quotidiennes, les massacres contre les mouvements sociaux ne s’arrêtent pas, 71 massacres en 2021, le risque est là.
Le peuple colombien a perdu la peur face à la violence de l’Etat, ils ont compris que la seule solution est de continuer la mobilisation sociale, participer massivement aux élections et avoir le soutien et la solidarité Internationale, exiger des missions d’observation avant, pendant et après la campagne électorale.
Gustavo Rojas
Profesor y facilitador de procesos sociales.
Al médico, profesor universitario, escritor, trabajador humanitario, periodista y defensor de derechos humanos Victor de Currea Lugo, que tuvo que salir del país por la estigmatización y calumnias en su contra, el equipo de trabajo de Reacción Revista Digital, le deja un mensaje de fortaleza y solidaridad y le abraza desde la distancia.